1944-1947, refonder la République, redéfinir la démocratie
- Discipline / domaine
- Histoire
- Objectif
- Comprendre que le droit de vote des femmes rends celui-ci universel.
- Durée
- 55 minutes (5 phases)
- Matériel
- Polycopiés, TBI, trousse, classeur d'histoire, manuel d'histoire.
- Informations théoriques
- Dès 1944, la France libre et De Gaulle réfléchissent aux réformes sociales et sociétales qu'il faudra mettre en place une fois la paix revenue: le droit de vote des femmes en France est une mesure hautement symbolique et attendue depuis longtemps. Depuis près d'un siècle, les Françaises sont en effet exclues du suffrage universel, et la France sera l'un des derniers pays européens à remédier à cette anomalie. C'est aux élections municipales du 29 avril 1945 que les femmes votent pour la première fois.
De la Révolution aux suffragettes
Paradoxalement, c'est la Révolution française qui freine brutalement les aspirations des femmes à participer à la vie politique. En 1789, l'abbé Sieyès distingue les citoyens « actifs » et les citoyens « passifs », et classe les femmes dans la seconde catégorie au même titre que les enfants, les étrangers ou tous ceux qui ne peuvent s'acquitter d'un cens électoral. Malgré l'appel de Condorcet, elles sont officiellement exclues du droit de vote par l'Assemblée nationale le 22 décembre 1789, exclusion maintenue par la Constitution de 1791, puis par un vote de la Convention nationale le 24 juillet 1793. Et ce quelques mois avant l'exécution d' Olympe de Gouges, auteur de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne.
Marie-Olympe-de-GougesTout au long du XIXe siècle des femmes luttent contre cet illogisme de leur mise à l'écart dans le domaine politique. Tribunes dans les journaux, création de clubs, interventions publiques, pétitions, manifestations, tentatives d'inscription sur les listes électorales donnent une audience à ce combat. Même si elles ne suivent pas ou peu les actions directes et les méthodes radicales des «suffragettes» d'outre-Manche, les revendications pour le droit de vote des femmes françaises n'en demeurent pas moins fermes.
Le droit de vote des Femmes : une forte résistance
Dans la première moitié du XXe siècle, des propositions de loi pour accorder le droit de vote aux femmes sont votées par la Chambre des députés, avant que le Sénat ne les rejette, soit en repoussant indéfiniment le texte, soit en s'y opposant par le vote. Le Sénat constitue le principal point de blocage institutionnel à l'adoption de la mesure. Les radicaux, autour desquels s'organise toute la majorité parlementaire, ne veulent pas entendre parler d'une réforme menaçant l'équilibre politique. Ils soupçonnent les femmes d'être influencées par le clergé. Elles sont perçues comme « sous influence», leur maturité politique paraît douteuse comme leur dévouement républicain.
Le soutien marqué par le pape au vote des femmes à partir de 1919 renforce encore dans l'esprit des radicaux l'idée que l'Église tente par l'entremise des femmes de regagner une influence sur la société. La France de la IIIe République ne franchit donc jamais le pas, même si elle encourage les progrès l'éducation des filles et si le gouvernement du Front populaire de Léon Blum confie trois secrétariats d'État à des femmes en 1936. Les députés demeurent réticents et les sénateurs encore plus sourcilleux de protéger le temple « républicain » de la menace de la «calotte».
Les voix des femmes
Le combat trouve toute sa légitimité durant la Seconde Guerre mondiale, période durant laquelle les femmes ont dû travailler, participer à l'effort de guerre, engagées parfois dans la Résistance, tout en continuant à s'occuper de leur maison et de leur famille, alors que les hommes étaient partis au front. Le nouveau pouvoir politique, plus jeune, issu de la Résistance, reconnaît aux femmes la pleine responsabilité de citoyennes en suivant l'évolution des grands pays démocratiques. Et c'est tout naturellement que le pouvoir établi à Alger décide d' accorder aux femmes le droit de vote par une ordonnance du 21 avril 1944. Elles deviennent électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes.
droit-vote-femmesLe double référendum d'octobre 1945 portant sur l'acceptation d'un nouveau régime et la limitation des pouvoirs de la Constituante, en même temps que sur l'élection à cette même Assemblée constituante, les voit se rendre aux urnes. Il n'est pas douteux que les femmes ont compté pour une bonne part dans l'électorat du RPF gaulliste créé en 1947 et dans les majorités qui se rassembleront ultérieurement, après son retour au pouvoir, derrière le général de Gaulle. C'est en tout cas ce que craignaient les tenants du radicalisme anticlérical.
La tendance a depuis changé et l'électorat féminin se distingue de moins en moins de l'électorat masculin, même si la situation démographique fait que les femmes âgées sont bien plus nombreuses que les hommes de la même génération, ce qui explique leur vote plus conservateur. Les femmes sont électrices désormais, mais il restera du chemin à parcourir pour l'égalité des hommes et des femmes.
- Remarques
- Cette séquence arrive après avoir abordé le hème 1 : L'Europe, un théâtre majeur des guerres totales et le thème 2 : Le monde depuis 1945.
1. Lecture


Affichage et distribution du préambule de la constitution de 1946.
Les élèves lisent.
2. Phase 1


Faire noter le titre de la séquence puis le titre de la séance.
Distribuer le texte affiché.
Les élèves commencent à lire le texte:
La Seconde guerre mondiale a été un moment clé dans l’accélération du débat sur le suffrage féminin en France.
Entre 1942 et 1944, dans le contexte de La Résistance, la question de la participation des femmes aux élections est à nouveau évoquée. Le général de Gaulle évoque dès 1942 la nécessité que « les hommes et les femmes » participent ensemble à l’élection d’une nouvelle Assemblée nationale après la Libération.
Cependant, l’Assemblée consultative provisoire rencontre des oppositions internes, notamment celle de Paul Bastid, ancien député et professeur de droit public, qui refuse d’approuver la mesure.
Quelques initiatives locales précèdent toutefois la reconnaissance officielle du suffrage féminin. En Corse, libérée dès 1943, des élections municipales sont organisées de manière informelle, souvent à mains levées. Dans ce cadre, certaines femmes prennent part au vote et sont même élues, bien que ces scrutins ne reposent sur aucune base juridique. Dans ce contexte, Renée Pagès-Perini devient l’une des premières femmes élues localement. Avant même l’ordonnance de 1944, certaines femmes sont appelées à exercer des fonctions gouvernementales : en 1936, trois femmes sont nommées sous-secrétaires d’État dans le gouvernement du Front populaire.
La reconnaissance officielle du suffrage féminin intervient par l’ordonnance du 21 avril 1944, adoptée à Alger par le Comité français de la Libération nationale (CFLN).
L’Assemblée consultative provisoire d’Alger, mise en place par le Comité français de la Libération nationale (CFLN) approuve l’octroi du droit de vote et d’éligibilité des femmes, lors de ses séances des 24 et 27 mars 1944. Ce droit est inscrit dans l’ordonnance du 21 avril 1944, publiée au Journal officiel le lendemain, et confirmé par l’ordonnance du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF) à Paris le 5 octobre 1944.
Dans un discours historique, le général de Gaulle affirme que « le régime nouveau doit comporter une représentation élue par tous les hommes et toutes les femmes(1) de chez nous », scellant ainsi l’égalité politique des sexes.
Le 29 avril 1945, lors des élections municipales, les Françaises votent pour la première fois. À cette occasion, le corps électoral est composé environ de 53% de femmes , une donnée qui reflète la part majoritaire des femmes dans le corps électoral lors de ce premier scrutin.
1 - Mossuz-Lavau, Janine. « Le vote des femmes en France (1945-1993). » Revue française de science politique 43, no. 4 (1993).
3. Retour sur les éléments de vocabulaires et analyses de quelques dates


Après avoir lu le texte, les élèves sont interrogés sur le sujet d'étude.
Une série de question de l'enseignant (e) permettra à tous de centrer le thème en question.
Première question: nature du texte, auteur, source.
Deuxième question: de quoi traite- il?
Troisième question: Qui sont les personnalités politique cités dans ce texte?
Dans quel contexte?
Pourquoi pourrait-on s'opposer à ce droit?
Comment ce droit est-il proclamé?
Faire noter les questions; les élèves répondent à l'écrit.
4. Correction des questions


Sur le principe du volontariat, les élèves répondent un à un aux questions.
L'enseignant écoute et au besoin oriente la réponse de l'élève.
La classe écoute et intervient pour compléter ou proposer une réponse différente.
5. Document de recherche pour la suite de la séance.


Avant la fin du cours, distribuer le document polycopié " MINISTERE DE L'INTERIEURMINISTERE DE L'INTERIEUR - LIBERTE, ÉGALITE, FRATERNITE - ACCUEIL LES ELECTIONS EN FRANCE Droit de vote des femmes : un long processus " , qui sera à lire avant la prochaine séance.